Antoine Emaz

Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_emaz

Biographie

Né Antoine Petit en 1955, il reçoit une éducation catholique, dans une famille nombreuse, puisque sa mère élève neuf enfants. Le grand-père maternel d’Antoine Émaz était menuisier dans l’Anjou, et ce travail de menuiserie est une des inspirations de sa poésie. Son grand-père paternel gérait des terres agricoles. Au collège, Antoine Petit souhaite devenir médecin. Après une rencontre avec un professeur de français qui lui fait découvrir la littérature, il commence à écrire des poèmes. Il suit des études en classe préparatoire au lycée Henri-IV, puis à la Sorbonne, avant d’effectuer son service militaire et de se marier. Il passe le CAPES et l’agrégation de lettres modernes et devient enseignant. Il vit à Angers où il enseigne en collège puis en lycée. Son dernier poste est au lycée Henri Bergson, où il est professeur agrégé de lettres modernes et y mène une activité syndicale soutenue. Antoine Émaz a trois enfants.

En 1983, il publie son premier texte, « Carnet du mur, paroi », dans la revue Orion. Puis, c’est « Le Chant des pauvres » qui paraît dans Sud en 1986. C’est à ce moment-là qu’il choisit le pseudonyme d’Emptaz, qui deviendra Émaz. Paraissent ensuite plusieurs plaquettes, qui sont suivies de recueils, dont le premier, En deçà, est publié chez Fourbis en 1990. Antoine Émaz écrit des poèmes ainsi que des études littéraires sur André du Bouchet, Eugène Guillevic et Pierre Reverdy.

En 1995, il soutient une thèse de doctorat sur les notes de Pierre Reverdy, intitulée « Pierre Reverdy : étude des recueils de notes ».

Il meurt le 3 mars 2019 à Angers à l’âge de 63 ans, des suites d’un cancer.

Influences et situation dans le paysage et la vie poétiques

Influences

Pierre Reverdy exerce une influence importante sur la poétique d’Émaz. Ce dernier a consacré une thèse aux notes du poète – au début de laquelle il reconnaît sa « dette» envers le poète et noteur, et qui fait suite à une maîtrise qu’il avait effectuée sur le même auteur. Comme l’a montré Michel Collot, cela se traduit par des convergences théoriques, mais aussi des rapprochements dans les pratiques d’écriture. Antoine Émaz remarque notamment chez Reverdy une certaine modestie dans l’écriture – c’est pour cette raison qu’il retient surtout sa première période – ainsi que son utilisation discrète de l’image considérant qu’il y a aussi chez lui « ces images invisibles » qu’André du Bouchet admirait. Il donne l’exemple de son poème « Mur paroi » : l’obstacle est ici la métaphore de diverses choses qui empêchent de passer, d’avancer. Mais à la lecture du poème, celle-ci n’est pas mise en exergue et paraît naturelle. Émaz affirme également, à propos des notes de Reverdy : « C’est une forme qui m’a marqué ; la pratique du carnet, de la note, de l’écriture discontinue me vient à la fois de Reverdy et des moralistes. »

André du Bouchet constitue, à la suite de Reverdy, un modèle fondamental pour Antoine Émaz, au point que sa découverte par le jeune poète a été paralysante, parce qu’il l’envisageait comme un modèle indépassable. D’André du Bouchet, Émaz souligne notamment « l’immensité du peu », et « tout une morale de l’attention» qu’il partage d’ailleurs avec Jean Follain et Reverdy. La prise de conscience de la difficulté qui résulte du décalage entre puissance de la sensation et impuissance de la langue se fait aussi par l’intermédiaire d’André du Bouchet. Ainsi, le rapport de tension entre réalité et langue, au cœur de la poétique de du Bouchet retient particulièrement Émaz. La mise à distance du sujet est également importante : Antoine Émaz cite régulièrement l’expression de du Bouchet, qu’il reprend à son compte « J’écris aussi loin que possible de moie 9 ». On peut aussi les rapprocher sur la base de la présence insistante du blanc dans leurs deux œuvres, même si son sens est différent.

Antoine Émaz a également à plusieurs reprises mis l’accent sur sa fascination profonde pour l’œuvre d’Eugène Guillevic

Situation dans le paysage poétique contemporain

Antoine Émaz se tient à l’écart de la dichotomie littéralistes/néo-lyriques qui structure le paysage poétique français de la fin du xxe siècle. Lors d’un entretien avec Jean-Michel Maulpoix, il se dit en « accord » avec la notion de « lyrisme critique », qui l’intéresse durablement. Il écrit, dans Flaques : « Le lyrisme, c’est le lié. Je suis un lyrique contrarié, plutôt du côté du heurt. »

Il a publié la majorité de son œuvre chez des éditeurs indépendants, notamment Unes, Tarabuste, les Petits Classiques du Grand Pirate, PAP ou Grames. Il a collaboré à plusieurs livres d’artistes.

ANTOINE EMAZ ET LES LIVRES D’ARTISTE DE MARIE ALLOY ( Le silence qui roule) :

 « Quelque chose comme écrire-voir »  et  « Comment l’espace autour pèse sur le mot »

 «Je suis vraiment content du résultat. Que ta main travaille le corps du mot, sa forme visuelle, autant que tu travailles gravures et espace du livre…Ta découpe du texte en éléments plus brefs que mes séquences, m’intéresse bien. J’ai été frappé par le ralentissement que cela provoque à la lecture et du coup, au poids gagné par chaque mot… Cela m’apprend quelque chose comme ressentir plus fortement la manière dont l’espace autour pèse sur le mot et lui fait rendre un son différent.»

(Extrait d’une correspondance entre Antoine Emaz et Marie Alloy)

Lire l’article : https://www.lesilencequiroule.com/antoine-emaz-travailler-le-corps-du-mot/

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