HAUT CIEL

IMGP3118     HAUT CIEL
S’ouvre le ciel touffu du milieu de la nuit
Qui roule du silence,
Défendant aux étoiles de pousser un seul cri
Dans le vertige de leur éternelle naissance.
De soi-même prisonnières
Elles brûlent une lumière
Qui les attache, les délivre
Et les rattache sans merci.
Elles refoulent dans les siècles
L’impatience originelle
Qu’on reconnaît légèrement
A quelque petit cillement.
Le ciel de noires violettes
Répand une odeur d’infini,
Et va chercher dans leur poussière
Les soleils que la mort bannit.
Une ombre longue approche et hume
Les astres de son museau de brume.
On devine l’ahan des galériens du ciel,
Tapis parmi les rames d’un navire sans âge
Qui laisse en l’air un murmure de coquillage
Et navigue sans but dans la nuit éternelle,
Dans la nuit sans escales, sans rampes ni statues,
Sans la douceur de l’avenir
Qui nous frôle de ses plumes
Et nous défend de mourir.
Poème extrait de Gravitations (1925),
à Valery Larbaud

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