Quelques extraits :
“AU MILIEU DE LA JOURNÉE
Soudain, au milieu de la journée la lumière baisse, et jusqu’au point où indistincts et fantasmagoriques les objets se confondent et cette lumière si basse est jaune, comme soufrée bien que venue d’un ciel où les nuages, du gris au bleuté ne laissent à leur lisière qu’une roseur infime – elle semble plus livide ainsi que le serait toute blancheur et tout ce ciel sur la ville forme une grande rose: la rose de l’orage qui ne veut pas distendre ses pétales puis insensiblement l’ardoise des toits se raie: il pleut et aucune goutte n’est perceptible encore.” © PAUL DE ROUX
Préface :
“Si donc on veut bien prendre en compte ma description rapide de l’œuvre de Follain, on conviendra que chacun de ses poèmes réalise, avec sa pesée particulière, un tableau que beaucoup de ses commentateurs ont su voir, mais en même temps réduite à celui d’un miniaturiste. Alors que l’apposition pondérée des fragments dont chacun la reflète, ouvre le poème sur l’espace de la totalité qui est Rythme, c’est-à-dire immuablement en mouvement. Il en va de même, mais à l’inverse, dans les poèmes de
Paul de Roux (et c’est probablement une conséquence du décentrement opéré et encouragé par le surréalisme) où le mouvement l’emporte avec une impatiente anxiété, et comme s’il s’agissait de l’enfermer dans le cadre plus ou moins étroit du tableau-poème. Il est fait le plus souvent d’une seule phrase bousculée où les coupes des vers sans justification grammaticale ou métrique, semblent avoir pour fonction de la déstabiliser dans sa course. Et de la réorienter vers un point d’attraction constant qui n’est pas le tout abstrait que Follain rend pourtant sensible, mais cet élément concret bien qu’insaisissable qui seul nous permet d’en percevoir les accidents : la lumière.” © JACQUES REDA