Luc Dietrich

Raoul-Jacques Dietrich, dit Luc Dietrich, né le 17 mars 1913 à Dijon et mort le 12 août 1944 à Paris, est un écrivain français.

Biographie

Dietrich raconte lui-même son enfance et son adolescence dans un livre publié en 1935, Le Bonheur des tristes, qui fut en lice pour le Prix Goncourt. Dans ce livre, l’auteur parvient à s’extraire d’un certain niveau émotionnel pour transcender le côté pathétique de sa vie. À la mort de son père, il n’était âgé que de quelques années. Sa mère, droguée, intoxiquée, ne peut pas toujours le garder. Elle finit par mourir quand son fils a 18 ans. Entre-temps, le jeune romancier est placé dans des hospices pour enfants débiles ou comme garçon de ferme (notamment à Songeson dans le Jura).

Une rencontre avec Lanza del Vasto, en 1932, constitue un tournant dans sa vie. Le futur fondateur de la communauté de l’Arche, assis sur le même banc que lui au parc Monceau à Paris, lui demande soudainement : « Êtes-vous bon comme ce pain ? » Lanza del Vasto passera des heures auprès de Luc Dietrich pour lui faire améliorer ses livres (notamment Le Bonheur des tristes), mais l’éditeur s’opposera à ce qu’il soit cité comme co-auteur.

Luc et Lanza partagent tout. La seule chose qui les séparera sera l’appréciation de l’enseignement d’un maître spirituel, G. I. Gurdjieff. Lanza s’en éloignera très vite, mais il avait aussi connu Gandhi ou Vinoba Bhave. Luc rencontre Philippe Lavastine qui travaille chez Denoël, et notamment le poète René Daumal. Il s’ensuivra une abondante correspondance, jusqu’à la mort de ce dernier.

Luc Dietrich avait été initié à la photographie par André Papillon. Il avait réalisé et publié un recueil de son vivant : Terre (Denoël). Un autre ouvrage avait semble-t-il disparu, quand Jean-Daniel Jolly-Monge, disciple de Lanza, exhuma et compléta patiemment ce second ouvrage : il fut publié bien après la mort de ces protagonistes par les éditions Le Temps qu’il fait, avec pour titre : Emblèmes végétaux (1993).

Pendant la guerre, bouleversé par la mort de René Daumal, Luc Dietrich décide de fuir Paris pour rejoindre sur le front un docteur de ses amis, Hubert Benoit, autre élève de Gurdjieff, auprès duquel il semble trouver sa place, habillé d’une blouse blanche, allant d’un blessé à un autre, dispensant des paroles réconfortantes.

Le 10 juin 1944, pris dans un bombardement à Saint-Lô, il est touché indirectement au pied, par des pierres. Le mal ne semble pas si grave, mais il est de santé fragile. Après avoir été progressivement hémiplégique, gangrené, il est pris à son tour en photo (par René Zuber) sur son lit de mort, trois mois après la mort de René Daumal.

Luc Dietrich est inhumé au cimetière de Recologne (Doubs).

Il a été une des sources de la chanteuse de Mylène Farmer, par exemple dans À quoi je sers.

Œuvres

  • Huttes à la lisière, Jean Crès, 1931, réédition éditions éoliennes, 1995
  • Le Bonheur des tristes, Denoël & Steele, 1935 ; rééditions Le Temps qu’il fait, 1995 et 2016
  • Terre, Denoël & Steele, 1936, réédition Voix d’encre, 2015
  • L’Apprentissage de la ville, Denoël, 1942 ; rééditions Le Temps qu’il fait, 1995 et 2016
  • Le Dialogue de l’Amitié, avec Lanza del Vasto, Éd. Robert Laffont, Marseille 1942, Paris 1992
  • L’Injuste Grandeur, Denoël, 1951
  • L’Injuste Grandeur ou Le Livre des rêves, édition complète, texte établi, annoté et préfacé par Jean-Daniel Jolly Monge, Éditions du Rocher, 1993
  • Emblèmes végétaux, postface par Jean-Daniel Jolly Monge, Le Temps qu’il fait, 1993
  • Poésies, texte préfacé et annoté par Jean-Daniel Jolly Monge, Éd. du Rocher, 1996
  • L’École des conquérants, éditions éoliennes, 1997
  • Sapin, ou La Chambre haute, éditions éoliennes, 2014
  • Le Goût du travail, éditions éoliennes, 2020

La main et la feuille, Luc Dietrich

“La main et la feuille”, titre repris de l’un des textes de prose poétique de Luc Dietrich (1913-1944). Il s’agit ici de textes extraits de l’ensemble intitulé “Emblèmes végétaux”, écrit en 1943, et qui fut son dernier livre. Dans ce livre d’artiste, Marie Alloy a choisi six poèmes sur les vingt et un qui furent présentés dans “Poésies”, paru en 1996 aux éditions Du Rocher. Ces poèmes ont inspiré le travail du graveur, l’élément végétal étant pour elle un vecteur essentiel de son travail.

Dans les notes qui accompagnent le livre “Poésies” de Luc Dietrich, écrites par Jean-Daniel Jolly Monge (collection Alphée, Ed. Du Rocher), il est précisé que Dietrich s’appuie sur son observation du monde végétal pour transposer les sujets spirituels qui le motivent : “J’ai essayé de faire ressortir là tout ce que les plantes nous donnent comme exemples.” (p 293)

Descriptif : Livre d’artiste des éditions Le Silence qui roule, réalisé par Marie Alloy en avril et mai 2017 en son atelier de St Jean-le-Blanc, près d’Orléans. Il a été tiré à 15 exemplaires. Cette édition de bibliophilie, numérotée et signée par Marie Alloy, comporte 12 gravures originales. La typographie a été réalisée au plomb par Christian Mameron de l’Atelier R.L.D à La Métairie Bruyère, près de Parly dans l’Yonne. Format total du livre avec l’étui et sa chemise (titre typographié au dos) : L 23 cm, H 26 cm, dos 4 cm. Chaque feuille du livre (du vélin BFK de Rives 250 g) est repliée en trois parties ou leporello, parties qui constituent chacune une page.

Livre édité avec l’aimable autorisation d’Emmanuel Dietrich.

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