Jean-François Mathé

VU, VÉCU, APPROUVÉ de Jean-François Mathé

Jean-François Mathé, né le 30 mai 1950 à Fontgombault (Indre) est décédé le 29 novembre 2023 à Faye-l’Abbesse (Deux-Sèvres).Il fut illustrateur et a publié de nombreux ouvrages de poésie, en particulier chez Rougerie qui a édité son dernier recueil de poèmes en 2022 : AINSI VA – lien : https://www.editionsrougerie.fr/dernieres-parutions

Il a reçu les prix : Prix Antonin-Artaud, 1988. Prix du Livre en Poitou-Charentes, 1999. Prix Roger-Kowalski, 2002. Grand prix international de poésie Guillevic-Ville de Saint-Malo, pour l’ensemble de son œuvre, 2013.

Lien Fiche Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Mathé

Autres liens, voir sur le site des éditions Le Silence qui roule / Jean-François Mathé / Recensions.

BIBLIOGRAPHIE :

J’ai demain pour mémoire, J. Millas-Martin, Paris, 1971.

L’Inhabitant, Rougerie, Mortemart, 1972

Instants dévastés, Rougerie, Mortemart, 1976.

Ou bien c’est une absence, Rougerie, Mortemart, 1978.

Mais encore, Rougerie, Mortemart, 1981.

Navigation plus difficile, Rougerie, Mortemart, 1984.

Contractions supplémentaires du cœur, Rougerie, Mortemart, 1987, prix Antonin-Artaud 1988. 

Corde raide fil de l’eau, Rougerie, Mortemart, 1991.

Saisons surgies, Rougerie, Mortemart, 1993.

Sous des dehors, Rougerie, Mortemart, 1995.

Passages sous silence, livre d’art illustré par Minons Meininger, éd. Maldoror, Berlin, 1996.

Le temps par moments, Rougerie, Mortemart, 1999, prix du Livre en Poitou-Charentes 1999.

Le ciel passant, Rougerie, Mortemart, 2002, prix Kowalski de la ville de Lyon.

Agrandissement des détails, Rougerie, Mortemart, 2007.

Chemin qui me suit précédé de Poèmes choisis 1987-2007, Rougerie, Montmart

Bibliographismes – Bibliocencenadis, co-auteur Jan Dau Malhau, Chamin de Sent-Jaume, 2011.

La vie atteinte, Rougerie, Mortemart 2014.

Retenu par ce qui s’en va, Folle avoine, 2016.

Vu, vécu, approuvé., Le Silence qui roule, 2019

Extrait d’une note de lecture de Vu, vécu, approuvé. par Marie-Hélène Prouteau

A retrouver complète sur le lien : http://pierre.campion2.free.fr/prouteau_mathe.htm

« L’ART DE LA FUGUE

Bien des poètes ont écrit sur la vieillesse, aussi bien les grands lyriques que, plus près de nous, Tarjeï Vesaas, Philippe Jaccottet. Avec ce recueil Vu, vécu, approuvé, le poète Jean-François Mathé écrit le livre du renoncement. À soixante-neuf ans au moment de sa publication en 2019, il a annoncé qu’il cessait d’écrire. Son œuvre est importante et a été reconnue par le Grand Prix International de Poésie Guillevic-Ville de Saint-Malo pour l’ensemble de ses écrits.
Déjà en 2018, dans son recueil Prendre et perdre publié aux éditions Rougerie, le poète s’attachait à ce thème de la vie qui se défait et échappe.

« Rien n’est précaire comme vivre/ J’arrive où je suis étranger. » Jean-François Mathé pourrait faire siens ces vers d’Aragon. De ce constat de lucidité triste, le poète tire une rêverie-méditation sur l’expérience du temps. Vu, vécu, approuvé peut ainsi se lire comme l’élégie de la vie révolue. Le titre, trois verbes nus, au participe passé, sans pronom, annonce une sorte de bilan, la mise à plat d’une vie qui reçoit l’estampille du poète. Mais, avec ce mode verbal impersonnel, il s’agit d’atténuer une douleur car le paysage mental est placé sous le signe de la mélancolie. La vie est passée. Le sentiment de la perte inéluctable. La basse continue est celle de la tristesse, de la nuit « sans rêves presque sans sommeil », de la forêt où l’on se perd. Mais, en contrepoint, le poète accueille en lui la rêverie sur ce qui reste ouvert : la contemplation heureuse, l’élan des navires, la main tendue de l’ami, la lumière d’un « nouveau matin ». C’est ce qu’illustre la toile de couverture de Marie Alloy, « Dans l’ouvert de l’horizon », aux beaux fondus colorés.

La mort, réelle ou symbolique, revient dans la trentaine de poèmes comme un leitmotiv. Les traces de l’amenuisement vital la préfigurent. Ainsi, les « fleurs fanées », « le rien de lumière », la consumation du feu qui évoque celle de la vie. L’ombre d’une disparition plane :

« j’ai poussé cette grille

qui fait toujours grincer le passé »

Dès le poème inaugural, la persistance fragile du vivre s’énonce dans une image surréaliste digne de Magritte, celle du fruit et du noyau. Elle figure la tentative de l’impossible saisie, la vie ne retrouve pas sa rondeur de fruit mûr, c’est le noyau qui l’attend :

« Je serre,

je serre encore

et encore

comme si je voulais

que ma vie

soit un fruit

tout entier entré

dans son noyau »

© Marie-Hélène Prouteau : © J-F Mathé – droits réservés.

Panier
Retour en haut