Note de lecture d’ERIC BARBIER, à propos de Ni loin ni plus jamais

P 246 Diérèse N° 74, automne 2018
Un article d’Eric Barbier sur le livre d’Isabelle Lévesque, paru aux éditions Le Silence qui roule : Ni loin ni plus jamais, suivi de Suites pour Jean-Philippe Salabreuil


Cette suite est la première parution de la collection Poésie du Silence. Jean-Philippe Salabreuil choisit le suicide en 1970 alors que trois recueils avaient été édités chez Gallimard. Il allait avoir trente ans. Brève biographie d’une existence consacrée à la quête d’une langue d’aube, à l’affirmation d’une identité en lutte permanente contre le convenu de certaines présences. Isabelle Lévesque trouve les plus intimes échos dans cette écriture, faisant jour à sa parole, entrant en amitié à rebrousse-temps, par ses mots parfois éblouis par une neige hors-saison ; là, l’œil interprète des floraisons laisse enfin entendre le cri intérieur.
Rencontre, distance abolie, « Ni loin ni plus jamais / le souffle affleure, minuit s’éloigne », la vie persiste dans les mots du poème, et une brèche s’ouvre dans les noms, à lire « vie à vie » la corde d’encre peut briser le cou sans interdire de voir l’étoile. Et si l’amour ne recueille que le silence celui-ci porte haut sa flamme. « Eau pâle, / elle ouvre le bleu transparent des étoiles ».
L’Absente se rapproche dans la musique des vers déposés sur ses lèvres. L’alchimie du sentiment charge la nuit d’épouser le jour, quand l’âme n’est plus la seule déclamation d’un reflet égaré « à minuit sur l’eau bleue ».
La poésie en ces termes permet de reprendre ce lien aussi puissant que la « neige, / aussi pâle qu’auréole de silence / ensemencée de ciel ». Alors il faudra parler encore à « gorge ardente » pour mieux reconnaître la mort et de l’absence saisir la vertu.
Respiration délicate d’une invitation au partage d’un présent retrouvé.

E.B.

 

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Une lecture de JEAN-LOUIS BERNARD, Impressions sur L’empreinte du visible

Vient de paraître, revue DIÉRÈSE, poésie et littérature n° 74, Automne 2018                  Page 196 à 200, une lecture approfondie et personnelle de Jean-Louis Bernard du livre de Marie Alloy “L’Empreinte du visible”, paru en 2017 aux éditions Al Manar.                                                     (Livre comprenant des notes d’atelier de l’artiste – 146 pages, dont 27 tableaux et eaux-fortes – 25 €)

Impressions sur L’Empreinte du visible

par  Jean-Louis Bernard

Extrait, p 197

“La couleur : “un parfum, une sensation, un abîme“. sans doute aussi une absence : où va le blanc quand fond la neige ?                                                                                                         Joie de la couleur et de l’instance onirique. Passage par elle de la vision au mystère (peut-être ce qui, davantage que l’évidence du premier regard, rend ces tableaux non figuratifs). Marie Alloy fait des couleurs un monde autonome s’unissant à la toile pour composer une oeuvre-monde. Existence par elles-mêmes, pas seulement comme application sur la toile. Leurs métamorphoses avec le temps. L’image que nous avons devant les yeux ne serait-elle que le reflets de ces métamorphoses ? “La couleur est une approximation… J’aime cet insaisissable“. J-L. B.

 

 

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