Meilleurs vœux 2018 !

Marie Alloy a le plaisir de vous présenter ses meilleurs vœux.
Que l’année 2018 vous soit :

un bleu, à ciel ouvert, une source –

un rouge, souffle de liberté, de chaleur –

un gris de terre douce, de paix.

Extraits de L’empreinte du visible

Éditions Al Manar/Alain Gorius, collection La Parole peinte (les photos des pages ci-dessus correspondent à l’édition à tirage limité – peintures originales de Marie Alloy) Ouvrage en édition courante paru en novembre 2017 (voir site de l’éditeur).

Droits réservés. Copyright éditions Al Manar et ADAGP pour les peintures de Marie Alloy.

 

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“L’empreinte du visible” notes d’atelier de Marie Alloy

Vient de paraître, en cette fin novembre 2017 :

“L’empreinte du visible”, un nouveau livre de Marie Alloy

aux éditions Al Manar, dans une nouvelle collection La Parole peinte

                  

Dans cette édition courante, on peut non seulement lire les notes d’atelier de Marie Alloy mais aussi découvrir 28 reproductions de belle qualité de ses tableaux et gravures.

Il a été réalisé un tirage de tête, à 20 exemplaires numérotés et signés par l’artiste auteur, comportant vingt cinq aquarelles originales.

Les chapitres : L’acte de peindre – Avec ou sans les mots – Le travail du regard – Reflets des saisons – L’atelier des couleurs – A l’épreuve avec les outils du graveur – Empreintes invisibles – Visitations secrètes – Aux lisières du silence

Quelques pages peintes …

             

Peindre dans la continuité des rêves, au cœur du brasier ordinaire des jours, dans le tremblement du sens – là où se révèle une forme de beauté née du silence ou cherchant à l’atteindre.”  Marie Alloy

    

L’Empreinte du visible

 Dans ce livre, L’Empreinte du visible, Marie Alloy, peintre et graveur, tente, sous forme de notes d’atelier et de vie, d’approcher l’expérience picturale au plus intime: « Les notes se saisissent parfois d’une pensée fugitive, en balbutient le sens, l’émotion ou l’étrangeté. Elles traquent ces sortes d’insurrections mentales qui surgissent en peignant ou en gravant, pour à la fois les retenir et s’en libérer. Elles se nourrissent aussi de la nature, de la poésie et des œuvres d’autres artistes profondément aimés. Accueillir le visible et l’imprévisible, entrer en dialogue avec ses propres incertitudes de peintre. La réalité est inscrite dans la mémoire comme un humus, un réservoir de formes, un vivier. Peindre, graver ou écrire sont une manière d’en restituer l’empreinte intérieure et de suivre à la trace les mouvements incessants qui conjuguent et questionnent regard et pensée, sans proposer de réponse définitive.

Un livre à ouvrir comme la porte de l’atelier, tout doucement… »

 Commande en ligne.
“Nos livres sont présents chez les bons libraires. Mais pas dans toutes les villes de France. Vous pouvez aussi les acheter en toute sécurité sur notre site, avec PAYPAL ; il suffit de cliquer en haut de cette page, sur “Commandes”. Vous serez livré(e) franco de port dans les meilleurs délais. A l’étranger également.”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Si je t’oublie, de Fabien Abrassart

Vient de paraître aux éditions L’Herbe qui tremble :

“Si je t’oublie”

poèmes de Fabien Abrassart

Préface de Philippe Lekeuche, peintures de Marie Alloy

Fabien Abrassart est né à Bruxelles en 1973. Il est l’auteur de deux recueils parus aux éditions du Taillis Pré, “la chose humaine” et “la part de personne”. Poète discret, “Si je t’oublie” est le premier recueil qu’il publie depuis 2006.

Couverture : Marie Alloy, “Cela eut lieu”, 2017.

            

 

   

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La trace, l’énigme, la lisière, par Pierre Lecœur

Dans le numéro de la Revue Europe de novembre-décembre 2017 qui vient de paraître, Pierre Lecœur, retrace le parcours de Marie Alloy, sa relation privilégiée à la nature et à la poésie, et approfondit les liens qui s’établissent entre ses gravures, peintures et livres d’artiste.

Un article à découvrir de la page 333 à 339.

Présentation de ce numéro de la revue EUROPE:

95e année — n° 1063-1064 / novembre-décembre 2017

CÉSAR VALLEJO

Considéré comme l’un des plus grands poètes du XXe siècle, César Vallejo est né en 1892 à Santiago de Chuco, petite ville péruvienne dans la cordillère des Andes. Dans sa jeunesse, tout en fréquentant la bohème intellectuelle, il eut l’occasion de connaître la rude condition des travailleurs dans les mines et les plantations de canne à sucre. Après avoir publié au Pérou ses premiers livres, Les Hérauts noirs (1919) et Trilce (1922), en partie écrit en prison, il embarqua pour l’Europe en 1923 et son exil s’avéra sans retour. Il mourut à Paris en 1938, épuisé par la maladie et les souffrances d’une vie précaire qu’avaient ponctuée des séjours en Espagne et trois voyages en URSS. Ses Poèmes humains furent publiés après sa mort, tout comme Espagne, écarte de moi ce calice qui demeure le chant le plus pur et le plus définitif parmi tout ce que l’on a pu écrire sur la Guerre civile espagnole. L’œuvre géniale et intrépide de Vallejo va au-delà de l’aventure des avant-gardes et tout en exprimant un inébranlable désir de solidarité humaine, elle est traversée par la force grondante de la douleur et par « une énorme tension affective qui fait ressentir chaque poème comme une poignée de neige jetée en plein visage ».

JEAN CASSOU

Poète, critique d’art, historien, hispaniste et romancier, Jean Cassou (1897-1986) fut en toute chose un homme épris de liberté. Membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et rédacteur en chef d’Europe, il milita pour l’intervention française dans la Guerre d’Espagne. Dès septembre 1940, il s’engagea dans la Résistance où il occupa des fonctions importantes. Il importe aujourd’hui de redécouvrir l’écrivain, le rêveur solitaire et l’homme d’action dont l’exigence éthique était travaillée par « un sombre et magnifique espoir ».

PIERRE LARTIGUE

Pierre Lartigue (1936-2008) fut un enchanteur du verbe. Porté par un rêve d’envol où le cœur s’ajuste au souffle, son univers est régi par un principe de légèreté. Vaincre la pesanteur, c’était aussi pour lui avoir le courage de ne pas se dérober à l’inattendu. Poète, romancier, critique de danse, son œuvre admirable abrite sa profondeur sous un air de fête.

CÉSAR VALLEJO
Ina Salazar, Alejo Carpentier, Emilio Adolfo Westphalen, Antonio Gamoneda, César Vallejo, Saúl Yurkievich, Américo Ferrari, José Ángel Valente, Efraín Kristal, Miguel Casado, Alain Sicard, Nadine Ly, Marie-Claire Zimmermann, Alejandro Bruzual, María Ortiz Canseco, Gastón Baquero, Roberto Juarroz

JEAN CASSOU
Alexis Buffet, Pierre-Yves Canu, Edgar Morin, Jean-Marc Pelorson, Alexis Buffet, Olivier Bara, Marine Wisniewski, Jean Cassou

PIERRE LARTIGUE
Claude Adelen, Alain Lance, Florence Delay, Natacha Michel, Marie-Claire Dumas, Éric Auzoux, Denis Dabbadie, Pierre Lartigue

CAHIER DE CRÉATION

& CHRONIQUES

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“Écrire en peintre”, une lecture par Isabelle Lévesque

 

Marie Alloy, Cette lumière qui peint le monde

par Isabelle Lévesque
Marie Alloy, Cette lumière qui peint le monde,
Éditions L’herbe qui tremble, 2017.
Lecture d’Isabelle Lévesque

Loin du regard perdu qui scrute la nuit, c’est l’angle ouvert d’une lumière souveraine qui ouvre le livre de Marie Alloy. Une femme peint et pose ses yeux sur les lignes de couleurs de ses pairs, de ses illustres pairs choisis. Rien d’autre n’est affirmé qu’une évidente assise ouverte : le regard anime la peinture, la lumière qui a présidé à l’élaboration de la toile se révèle et devient à son tour miroir du signe clair porté par elle. Marie Alloy le précise, Cette lumière qui peint le monde a été écrit « au fil du temps ». Ce sont des expositions, des visites, des rencontres qui ont nourri dans la durée ce livre.

Tous les artistes évoqués sont des « passeurs de lumière » : Turner, Bonnard, Morandi, Zack, Sima, Vieira da Silva, Truphémus et Asse.

Marie Alloy écrit en peintre : la description qu’elle fait des œuvres n’oublie pas le geste de l’artiste, le vocabulaire peut être très technique, toujours précis, avec des nuances infinies pour les indications de couleurs.

Ainsi, pour Turner, dans le chapitre intitulé « L’issue solaire », Marie Alloy décrit un tableau, Le lac des Quatre Cantons : La baie d’Uri vue de Brunnen, daté de 1844, exposé au printemps 2015 à la Tate Britain de Londres :

« […] des vagues de nuages blancs surplombant le ciel et le lac s’unissent en un horizon gris et rose travaillé en impasto (empâtement) avec des voiles de laques rouges et des glacis jaune de chrome très clair. C’est un mouvement continu de courants aériens suggérant la poursuite de l’espace hors des limites de la toile, donnant au regard la sensualité lumineuse de l’air. »

Marie Alloy souligne dans les dernières peintures de Turner la modernité d’une quasi-absence de couleur pour que soit seule perçue, impénétrable et singulière, la lumière. Paysages traversés, mais qu’il ne pouvait plus parcourir à cette époque, sa santé l’en empêchant. Sa peinture se nourrit alors « d’expériences picturales vécues », c’est sur l’oubli qu’il fonde en partie sa représentation (autant sur ses souvenirs qu’à l’aide des « notations du dessin aquarellé » réalisé auparavant). Ce parcours d’oubli figure dans « l’étendue blanche » comme si le paysage, assimilé, disparu, devenait transparence, une forme de lumière ou de silence qui ouvre à la contemplation. Rien ne saurait dire si tout apparaît ou disparaît. Le seuil blanc, « espace pauvre et glorieux », livre son paradoxe. On pense aux toiles frappées d’orages des périodes antérieures et l’on mesure combien le peintre s’est détaché des tempêtes.

Dans les œuvres de Pierre Bonnard, le miracle de la lumière peut hésiter, comme sur le point de se perdre : au milieu des couleurs se glissent la mélancolie et le sentiment constant de la fugacité de cette fête du jour au miroitement toujours éphémère. Peut-être faut-il lire ce livre comme une tentative pour capter dans les toiles regardées ce qui fugitivement nous requiert, pour vivre ? La lumière, devenue guide de lecture, devient une compagne plus sûre pour notre regard. Le rapport sensuel à la toile, exalté par la femme, compagne, muse, suspend le déroulement du temps et le passage de la lumière qui reste tendue, dans une durée qui l’excepte et le prolonge. C’est aussi peut-être le projet qui fonde ce livre.

Ce qui fait du chapitre consacré à Jacques Truphémus, « La lumière de l’intime », un chapitre à part, c’est la rencontre avec l’artiste, la visite à l’atelier. Nous voyons à la fois la toile, le sujet (le motif) et l’homme qui peint. Nous l’entendons parler, nous lisons l’une de ses lettres. L’atelier est ce lieu où la lumière se déplace comme les objets que le peintre dispose pour leur faire suivre ou non le jour qui les baigne. On perçoit l’émotion de Marie Alloy, son attention : elle décrit précisément la disposition de la pièce, son regard s’attarde sur un petit bouquet et sur l’impression de dépouillement qui domine. Au cœur de l’œuvre, le blanc, « riche en nuances », infini. « Le blanc de la toile crue est réserve de lumière, somme de toutes les couleurs, silence, poésie », précise Marie Alloy. Figure de l’inachèvement peut-être, il ouvre le spectre de nuances infinies et laisse à chaque couleur son éclat incontestable. L’intimité révélée offre à chacun une place dans la toile, en fraternité. Innocemment, le monde est révélé dans une naissance liée à la clarté de l’apparition d’Aimée comme des fruits ou fleurs déposés dans un geste simple de communion.

Dire la peinture peut paraître un exercice impossible. Marie Alloy et les peintres évoqués nous disent que la peinture est silence, celui d’avant la parole ou celui d’après. Pourtant beaucoup d’entre eux écrivent sur leur art ou sur celui des autres ; certains, comme Léon Zack ou Marie Alloy elle-même, sont poètes. Beaucoup de poètes ont tenté de décrire des œuvres avec parfois de grandes réussites, comme Victor Segalen et ses Peintures chinoises. D’autre part, la peinture et la poésie ont souvent partie liée par le dialogue entre les deux arts1. Les peintres ici évoqués citent souvent des poètes dont les mots correspondent à leur effort ou à leur vision : Rilke, Guillevic, Jaccottet…

Le livre s’achève sur une méditation de deux pages qui établit le lien entre les œuvres envisagées : la lumière et le vide sont deux dimensions nécessaires, le peintre les traverse comme le poète qui cherche à les atteindre. Quel que soit le motif, la lumière souligne sa présence et révèle le paradoxe constant qui, entre absolu et dénuement, rend la quête du peintre douloureuse ou heureuse, mais nécessaire.

Isabelle Lévesque
D.R. Isabelle Lévesque
pour Terres de femmes

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1. Marie Alloy a créé les éditions de bibliophilie Le Silence qui roule où elle collabore avec des poètes contemporains : Guillevic, Antoine Emaz, Pierre Dhainaut…

Pour mieux connaître Isabelle Lévesque, de nombreux articles en ligne dont celui-ci, déjà ancien mais riche en extraits, dans “Voies traversières” sur Médiapart

 

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Hommage à Jacques Truphémus, ce grand fidèle

Photo Joël Philippon Photo Joël Philippon. Le Progrès.

Jacques Truphémus, né à Grenoble en 1922, vient de nous quitter ce vendredi 8 septembre 2017 à Lyon; il allait avoir 95 ans. Tristesse de sa disparition, mais admiration face à cette vie de peintre accomplie, et face à l’œuvre qui nous renvoie sa présence chaleureuse et sa lumière.

Il s’était installé à Lyon pour suivre les cours de l’École des Beaux-Arts dans les années 40 et Lyon était vite devenue sa ville d’adoption, avec ses rues, façades, bistrots, fleuves et luminosités. Il avait également peint de tendres portraits de son épouse Aimée, mais aussi quelques autoportraits (comme ci-dessous) et beaucoup de natures mortes ainsi qu’une série de toiles sur le Japon et les plages du nord de la France. Dans les Cévennes où ils se rendait chaque été, l’intérieur de sa maison, les jeux de portes avec les couleurs de l’ombre et de la lumière, les arbres verts et feuillages alentours, nourrissaient son regard de peintre et venaient adoucir ses dernières années où la couleur devenait de plus en plus intense et sa gestuelle déliée.

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Lien sur la biographie de Jacques Truphémus par la Galerie Claude Bernard

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En juillet 2016, j’avais rendez-vous avec Jacques Truphémus dans son atelier. Il me dit immédiatement sa joie d’avoir reçu le livre “Cette lumière qui peint le monde”, où j’avais consacré plusieurs pages à ses œuvres et il m’avoua son émotion de se trouver ainsi parmi cette constellation de peintres qu’il aimait : Turner, Bonnard, Morandi, Zack, Sima, Vieira da Silva, Asse…

      © photos ci-dessous: Marie Alloy

         

Il me montra ses toiles récentes destinées à sa future exposition Galerie Claude Bernard.

Il faisait chaud sous la verrière de son atelier mais ses peintures, aux couleurs vivifiées par la blancheur des rideaux et nappes, apportaient une fraîcheur et une douce clarté. Il me montra le miroir ovale qu’il avait le désir de peindre pour y refléter ses propres peintures de natures silencieuses. C’était pour lui un vrai bonheur de me donner à découvrir ses tableaux et d’exprimer par la parole son désir infini de peindre. A sa demande, je lui montrais un catalogue de photos de mes propres peintures, il regardait attentivement, donnait avec plaisir son avis, son regard. Esprit curieux des événements artistiques, il ressentait un grand besoin d’échanger sur la peinture ainsi que sur les expositions du musée des Beaux-Arts de Lyon et autres.

Il me montra aussi les beaux poèmes qu’Yves Bonnefoy avait écrits pour lui, édités dans “Ensemble encore”, au Mercure de France, en avril 2016. Quelques extraits ci-dessous:

 

                                  Poèmes pour Truphémus

 

Tu vas rester ici, jusqu’à ce soir. C’est plus,
Peindre, que rendre vie, c’est donner être,
Même si impalpable, presque invisible
Cette main qui dans l’ombre prend la tienne.”

*

Et, ayant vécu là,
Quand tu ressortiras, que soit ton œuvre
De regarder le ciel au-dessus des arbres,
Puis les feuilles, vert sombre. Que ce banc
Dont la couleur s’écaille
Le bleu sombre avoisine un peu de rose. “

*

“Décèle de ton pinceau cette ombre dans l’herbe,
Dévoile-nous l’être simple du signe : Ce rêve, non cet or,
Qui fait de ce qui fut ce qui demeure.

Yves Bonnefoy, extraits de “Ensemble encore”.

*

“La lumière de l’intime”

Truphémus était un peintre cultivé, simple, et débordant d’humanité. Il aimait écrire de longues lettres généreuses pour transmettre sa vision de la peinture (voir plus bas). Peintre accompli, il n’a jamais renoncé à contempler le monde et avait besoin de vie sociale, d’échanges, de dialogues avec les poètes et artistes. Aujourd’hui sa vie est loin d’être achevée, elle se poursuit dans chacun de ses tableaux et continuera longtemps  de nous être bénéfique, et de nous enseigner de façon apaisée et persévérante à rester fidèle à nous-même, dans notre propre temporalité, malgré les multiples pressions de la société de consommation.

Le guéridon, véritable accessoire du peintre

*

Je dis que Truphémus est un poète-peintre, qu’il écrit des images, qu’il peint des sons, qu’il nous murmure une confidence qui est lui-même, que sa peinture a une voix qu’on ne peut pas ne pas entendre, justement parce qu’elle est discrète, prenante, insidieuse, qu’elle ne va pas crier sur la place publique, qu’elle ne désire s’approprier que les âmes (oui, en ce sens, sachez voir – nous regardons trop sans voir – l’œuvre de Truphémus a une dimension métaphysique), entamer un dialogue de complices au niveau de l’excellence en nous.”     Louis Calaferte

*

Aucun texte alternatif disponible.

                                         Autoportrait, huile sur toile, 2002.

 

Bel autoportrait de Truphémus (1989) dans le catalogue de la galerie Claude Bernard. La même leçon que celle de l’autoportrait de Morandi dans l’exposition de Bologne : l’effacement et la subsistance du moi, un moi ayant perdu son opacité. Et par là c’est une figure de sa peinture, de son effort de peintre que nous livre Truphémus.”     Jean Pierre Vidal

*

Peinture de Jacques Truphémus (La belle Servante, 1980) :

Dans les cafés métaphysiques
Les servantes aux longues fatigues
Sont lampes qui éclairent le Temps
Dehors la neige a leur visage.

                Extrait de “La fin de l’attente”, de Jean Pierre Vidal, Le Temps qu’il fait.

*

Beaucoup ont écrit sur la peinture de Truphémus dont Louis Calaferte, Bernard Clavel, Charles Juliet, Jean-Jacques Herrant, Jean Leymarie, Denis Lafay, Jean-Pierre Groboz, Claude Roger-Marx, Antoine Terrasse, Yves Bonnefoy… et bien d’autres – pour ne citer ici que les plus connus.

*

A lire ici lien, l’article du journal La Croix sur l’exposition rétrospective actuelle du musée de Grenoble

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L’entrevue silencieuse

Relisant “L’espace de la perte” (éditions Unes) de Pierre-Albert Jourdan, poète et peintre, je retrouve, exprimé en ses mots, le silence, l’éclat lumineux, le foisonnement et le dénuement des peintures de Truphémus :

Cet espace il te faut l’abandonner à sa propre fructification. Tu n’y entres pas, il est ce qui se délègue au-devant de toi mais l’entrevue est silencieuse.

Parle, si tu veux, mais par voix d’arbre ou d’herbe; c’est-à-dire : ne pratique pas l’imposture, ne mélange pas l’esprit à ce donné si pur.

Jacques Truphémus laisse fructifier en nous sa peinture. De son regard sur les êtres, la nature ou le quotidien, nous recevrons longtemps le “donné si pur”.      Marie Alloy

 

Le chrysanthème – fleur blanche qu’il affectionnait particulièrement.

*

“Il faut aussi des peintres qui incarnent une continuité, une permanence. Truphémus est de ceux-là, avec une qualité de regard qui situe souvent son œuvre à la charnière d’une figuration sensuelle et d’une sorte d’abstraction.

Une vision du monde filtrée, donc, à travers une tendresse pour laquelle il s’est façonné un métier tendre et délicat. Longtemps encore après nous il aura des amoureux des bruissements subtils du quotidien pour se reconnaître dans les silhouettes imprécises mais fraternelles de ses cafés, pour entendre le mystère des objets de ses natures mortes et pour s’émouvoir de ses lumières timides mais persévérantes qui finissent par inonder les ciels gris, les plages, les quais… et le cœur.”      Jean-Jacques Lerrant

*

“Cérémonie mystérieuse de la peinture qui annonce l’avènement du rose, les couleurs printanières d’un char fleuri de violettes odorantes, glycines ou roses trémières, oranges de soirs couchants, quand la porte de l’atelier reste entrouverte sur la silhouette verte des arbres et l’offrande d’une nuance phosphorescente.

Des fils de lumière ont tissé des bouquets de couleurs dans la palette tendre du peintre ému par le teint de rose de toutes ces choses sereines et charnelles qui l’entourent. Les gestes du peintre restituent le tremblement de la vie, le trouble à la fois fugace et infini qui tenaille devant la beauté. La lumière qui vient de la peinture est si dépouillée qu’elle en paraît surnaturelle comme ces grenades sur une nappe blanche.

Au seuil de quelle porte soudain tout ce vert se réfléchit-il ? Quelle est cette étrange couleur qui garde l’entrée de la peinture et nous relie à un éclat encore inconnu ? Peinture à découvert. Peinture d’une claire voyance. Chaque toile a sa lumière propre, sa fenêtre où cueillir un instant radieux de couleurs dans la transparence.

Plus que des « vies silencieuses » les peintures de Truphémus sont silencieuses dans la vie, dans son bruissement. Elles ne consolent pas, elles ouvrent, sont ouvertes, s’ouvrent encore. Elles dilatent l’œil du cœur. Elles ne sont jamais qu’à hauteur d’homme – d’homme à homme.”

Extrait d’une lettre de Jacques Truphémus :

« …Au-delà des mots et du vain débat opposant abstraction et figuration, je crois bien sentir ce qui vous inquiète. Le problème s’est posé, je pense, à beaucoup de peintres. L’itinéraire de Nicolas de Staël n’est pas unique, passant de l’abstraction à la figuration.

Les peintres ont toujours ressenti la force vivifiante de la réalité et c’est en tentant de traduire l’émotion devant « la réalité » qu’ils ont compris que l’émotion ressentie était la seule réalité qui leur était offerte et que pour la traduire il fallait trouver une équivalence.

C’est dans la recherche de cette équivalence que se posent les questions premières. Il me semble qu’il faut veiller à conserver en soi le plus possible cette part de simplicité, de naïveté – celles de ses premières peintures où l’on croit copier la nature. (Mais est-on jamais maître de cette simplicité d’esprit à la base de ces choix ?)

Cette confrontation est source d’enrichissement par le fait des difficultés rencontrées, et de ce dialogue qu’il nécessite. Je pense que c’est un désir « d’absolu » tout à fait légitime qui a pu conduire des peintres vers l’abstraction. Il y a un risque d’enfermement à ne vouloir trouver qu’en soi la source de ses émotions …

Mais il y a les mêmes risques dans l’autre choix où les signes d’une apparente figuration peuvent facilement rassurer ceux qui ne connaissent pas le doute.

La «vérité» est de toute façon au-delà des mots et de toutes théories. Quelque part, « on fait comme on peut ». C’est ce qu’ont dit beaucoup de peintres :

Matisse, qui a pourtant si bien écrit sur la peinture, conclut en disant «je mets de la couleur jusqu’à ce que ça y soit»!!

L’humilité de Chardin, de Corot,… de Morandi, a valeur d’exemple, de Cézanne se plaignant de ne pouvoir « concrétiser »…

Il est nécessaire de conserver toute la vie la possibilité de changer notre conception de la peinture et les moyens d’expression. C’est notre liberté essentielle.

Quand la sincérité est présente dans la conduite de son travail, les changements apparents comme de passer de l’abstraction à la figuration (à une certaine forme de figuration) n’interrompent en rien la continuité profonde d’une démarche.

Il n’y a pas de temps perdu et de reniement dans le parcours.

On n’a pas de compte à rendre à ceux qui s’en offusqueraient. »

Pages extraites de

Cette lumière qui peint le monde“, Marie Alloy, éditions L’Herbe qui tremble

*

Poème de ce matin, pour notre ami Truphémus

Truphémus, un grand fidèle

Fidèle à la peinture     à son Aimée
au monde quotidien    à la lumière des couleurs
à sa ville adoptive   ses amis     aux deux fleuves
au ciel    aux arbres    aux portes  et fenêtres  ouvertes
aux toits où veillent des colombes

Fidèle aux verts   aux roses   aux mauves   aux bleus    aux oranges
dans la blancheur rayonnante    aux recommencements
Fidèle au poème du silence   au mystère du présent
à la communion des sens

Toujours à découvrir      à s‘émerveiller
Le monde éclaire chaque matin l’atelier et ses drapés
à travers la rosée du jardin de la peinture
le battement continu du cœur   le chant du regard
un monde à venir    rien d’acquis
mais le souffle d’une alliance limpide

La lumière sauve

Tendre    intime   la couleur rouge d’un livre
ou la transparence d’un vase  une nappe en apesanteur
et tout ce qui convoque la beauté    bleu ou pourpre
la fleur d’un chiffon posé comme l’esquisse d’un rêve
et si peu d’obscurité      rien qu’une mer de feuillages
mouvants de promesses   avançant au fil du jour
D’un vert plus proche nous sentons le murmure sacré

Herbe douce    le sillage de la robe de La Passante
de la passerelle Saint-Georges   à l’instant suspendu   pour retenir de la vie
l’émotion balbutiante    sans rien surexposer
Le jour lavé d’amour

Du bleu remonte dans le rose et le jaune
dans l’orbe d’un citron vert      la surface blanche
respire mieux   inachevée     la blancheur
cette terre promise    ce nid de neige   ce mûrier

Peindre   laisser retomber le linge en plis
s’écouler la sève des saveurs   le fruit des couleurs   leur vivier
et ce goût que le cœur en paix porte au monde

Peinture qui libère      bouffée d’air et joie pure
C’est à nous désormais de rester fidèles
fidèles au regard prodigue du peintre Truphémus
à l’instant vivant éternel

2017 09 14 © Marie Alloy

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“témoigner qu’il y a un ailleurs”, André Frénaud

détailLe désordre du monde“, huile /toile, 116 x 73 cm, 2017

« S’il est vrai que la peinture ne trouve pas en elle-même sa propre fin, mais si demeurant fidèle aux moyens qui lui sont propres, elle est un des langages à la démesure de l’homme pour reconquérir le monde perdu, s’il ne s’agit pas seulement de nous aider à vivre ici, mais de témoigner qu’il y a un ailleurs, et même si l’on pense que cet ailleurs est de ce monde, qu’il est le monde même, cosmos et conscience (…), si l’on croit que la vie s’éclaire en des instants de dépassement et que de l’événement il est possible de rendre compte par l’art en quelque manière, on comprend que le peintre désire tenter, sans tellement de références à un sujet quelconque, de constituer des objets où il aurait capté et qui fasse rayonner pour lui et pour nous les rythmes du monde tels qu’il les a appréhendés… »

André Frénaud, Derrière le miroir, 1949

                   

   “L’écorce du paysage”                                  “La douleur”

huile/toile, 116 x 81 cm, 2017                       huile/toile, 116 x 81 cm, 2017

 

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“La joie de cette vie” Henri Thomas

Quelques extraits de “La joie de cette vie” d’Henri Thomas, Le Chemin, nfr, Gallimard, accompagnés de peintures de Marie Alloy, réalisées début 2017.

“Écrire, pour moi ça a toujours été une déclaration d’amour à la vie, et quelquefois elle l’acceptait.”

   “Ondées” , huile sur toile, 116 x 81 cm, 2017

“Si l’homme avait parfaite connaissance de ce qu’il est, il serait aussi clos sur lui-même qu’un caillou, aussi parfaitement réuni à soi et à l’univers.”

“L’instant sensible”, huile sur toile, 116 x 81 cm, 2017

“C’est depuis que le verbe croire, le mot croyant, la foi, etc, me sont devenus si suspects que je ne les emploie plus, que la présence de l’Autre m’est devenue sensible. Ce n’est pas une autre manière de croire; ce serait plutôt comme une manière d'”y être”.

“Strates du silence”, huile sur toile, 116 x 81 cm, 2017

“J’avais le secret du plaisir à vivre – c’était par les petites choses, les moindres choses, celles où l’on n’ose pas voir l’immensité, – les œuvres du temps dont l’éternité est jalouse. “

 

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Cette lumière qui peint le monde

Éditions L’Herbe qui tremble, 25 rue Pradier, 75019 Paris   Contact pour commande : editions@lherbequitremble.fr

                

                      Quelques passeurs de lumière :

Joseph Mallord William Turner : L’issue solaire  – Pierre Bonnard : Une mosaïque d’ombres et de lumières –  Giorgio Morandi : Une ascèse lumineuse – Léon Zack : D’imprévisibles constellations –  Joseph Sima et Maria Helena Vieira da Silva : Un rayonnement intérieur  (les vitraux de l’église St Jacques de Reims) – Jacques Truphémus : La lumière de l’intime   Geneviève Asse : Des vies silencieuses au bleu des portes de lumière

Extraits :

« Rassembler les œuvres de ces peintres, (pour l’auteur Marie Alloy, elle-même peintre), c’est rendre visible leur fidélité à l’impression première, leur complicité devant la précarité des formes de la réalité, leur nécessité de s’en tenir à l’infini apprentissage des modulations de la couleur dans la lumière. C’est ouvrir des chemins de correspondances, des affinités essentielles, accueillir d’amicales et discrètes connivences, picturales autant qu’humaines.

L’espace est lumière. La lumière n’est pas un gouffre mais un baume qui se déploie sur les dernières figures du monde. Les coups de pinceau dévoilent ce fond du temps où s’impriment les couleurs de la nature, celles qui ont touché au réel puis se sont accomplies dans les gestes accordés à la seule peinture. Dans cette peinture minimale et l’énergie mise à cet extrême, un plaisir passe, une substance heureuse vibre, libre, vivante, apaisée. La surface blanche, en réserve, est devenue source de lumière. Elle se donne à voir comme la plus concrète des révélations en peinture, car si la lumière est impalpable, le peintre cherche à la dégager de la matière de ses couleurs pour que chaque teinte puisse rejoindre l’unité d’un rayonnement intérieur.

Fragilisée, notre humanité a besoin de la peinture qui augmente la vie en ne séparant plus le spirituel de la réalité. Elle est aussi, en tant qu’expression d’une vérité intérieure, ouverture sur l’infini, quête de connaissance, et de poésie. Le regard du peintre peut devenir le nôtre, en parcourant le chemin que propose chaque toile. Il s’agit d’attendre le moment où voir est vraiment recevoir, se donner à ce qui éclaire, s’éclairer à ce qui est, être soi-même lumière. »

Extraits d’une lettre de Jacques Truphémus :

«  Chère Marie Alloy,

Comment vous remercier pour le bel envoi que vous me faites… Son titre « Cette lumière qui peint le monde » se détachant sur la reproduction, si juste, me ravit au plus haut point. Je suis évidemment très touché du choix des peintres qui m’accompagnent. C’est beaucoup d’honneur pour moi d’être ainsi accueilli au sein de cette famille spirituelle dans laquelle je me reconnais…

Merci, un grand merci à vous pour ce cadeau que vous me faites. Le don d’écriture qui vous est propre vous permet d’exprimer, aidée en cela par cette approche de la pratique de la peinture et de la gravure… ! C’est tout ce qui fait l’unité et toutes les qualités si rares de ce beau livre.

Je crois à la valeur de tels témoignages, certain qu’il trouvera des échos favorables auprès d’amateurs et des peintres sensibles à cet univers, le nôtre… le vôtre… celui qui s’exprime dans le silence de l’atelier ! »

Jacques Truphémus, Lyon, le 5 mars 2017

 

 

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Parution d’un livre de Marie Alloy et lecture rencontre

Vient de paraître:

Février 2017 : “Cette lumière qui peint le monde”, écrits sur l’art.

   

éditions L’Herbe qui tremble.

Samedi 11 mars

dans l’auditorium de la Halle Saint-Pierre à Paris, à 15 heures, Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard, 75018 Paris. Métro Anvers ou Barbès-Rochechouart.

Venez rencontrer les poètes : Jean-Luc Despax pour son recueil Rousseau dort tranquille
et Claude Albarède pour Le dehors intime
Lectures suivies d’une rencontre avec les peintres  Marie Alloy et Denis Pouppeville qui ont accompagné leur poésie.

À cette occasion, Marie Alloy présentera Cette lumière qui peint le monde, un livre dans lequel, à travers l’analyse d’œuvres de peintres tels Turner, Bonnard, Jacques Truphémus ou Geneviève Asse, elle nous fait part de sa sensibilité.

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