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Poésie et peinture – RENCONTRER

En DUO, à l’incitation de Florence Saint-Roch, et parmi de nombreuses autres contributions, Sabine Dewulf et Isabelle Lévesque regardent et mettent en poème le tableau de Marie Alloy :  DUO

à retrouver sur le blog de Terre à Ciel

DUO, huile sur toile de Marie Alloy, 100 x 73 cm, 2017




L’EMPREINTE DES SAISONS, catalogue d’exposition de Marie Alloy

Marie Alloy
L’Empreinte des saisons

Catalogue d’exposition  édité à l’occasion de l’exposition de peintures, gravures, livres d’artiste, dessins et photographies de Marie Alloy, exposition présentée à l’église Saint Étienne de Beaugency ainsi qu’à la Galerie Pellieux, du 10 septembre au 10 octobre 2021.

 

Le paysage intérieur, préface de Christophe Mahy
Notes d’atelier de Marie Alloy :  Peindre – La poésie rendue visible
Graver – Photographier
Portrait – Expositions – Écrits

Descriptif : 88 pages. Format : 21 x 21 cm. Poids : 318 g. Impression numérique, sur Edition Munken Rough 150 g/m2, couverture Edition 300 g/m2, par l’imprimerie Lebugle, à 45190 Beaugency. Reproductions : Trente cinq peintures à l’huile, huit gravures, huit photographies, trois livres d’artiste. Photos Marie Alloy © ADAGP                   ISBN : 978-2-492888-00-7      Dépôt légal : août 2021     Prix public : 20 €

   

Le paysage intérieur

« Car c’est moi que je peins. »
Montaigne, Essais.

“Quelque part en Sologne. Des reflets de ciel dans le miroir du fleuve. Puis les arches
du pont de Beaugency. Nous y sommes. Chez Marie Alloy, aux portes de l’atelier, dans un
puits de lumière qui nous accueille et nous révèle ce qui nous échappe à chaque instant.
Quelque chose d’essentiel, au sens propre du terme, d’indéfinissable, de vague et de précis
à la fois. Une attente. Une approche. Peut-être seulement un instant du monde en marche,
un ressac silencieux et immobile. Une attente généreuse dont on ne sait rien, qui donne à
voir sans qu’on lui demande quoi que ce soit. Et avant tout un vrai lieu, comme l’acceptation d’une allégorie dans une trouée du temps.

Marie Alloy peint dans un au-delà d’elle-même, avec ce rien de distance et de recul
qui permet d’établir le dialogue avec ses propres incertitudes, délivrées de toute intention
autre que d’aller à la rencontre de la réalité du monde et de l’être. Sa palette joue avec les
nuances du silence avant de mêler des bribes de terre, de ciel et d’eau d’où émergent lentement des ombres de feuillages et de branches, des lacis d’herbes et de nuages. Ressentir pour peindre, peindre pour ressentir”. Christophe Mahy (suite de la préface à retrouver dans le catalogue).

 

 

BON DE COMMANDE (cliquer sur le lien)

PROGRAMME DES EXPOSITIONS ET DES LECTURES 




Sur Terre à ciel, une lecture de L’EMPREINTE DU VISIBLE par ISABELLE LEVESQUE

terre à ciel, poésie d’aujourd’hui
À livre ouvert – Marie Alloy, L’EMPREINTE DU VISIBLE,                      par Isabelle Lévesque

Al Manar, coll. La Parole peinte, 2017 – 148 pages, 25 €

                                                           « De quel amour secret le tableau porte-t-il le fruit ? »

M.A.

L’empreinte est-elle une illusion ou un révélateur ? Peindre relève-t-il les traces ineffables de ce qui nous lie au monde ou distingue-t-il quelques lignes pour que celui qui regarde les laisse à son tour exister ?  Après Cette lumière qui peint le monde (L’herbe qui tremble, 2017), où elle évoquait la peinture de quelques-uns de ses peintres favoris, Marie Alloy écrit sur son propre travail dans L’empreinte du visible, publié dans la nouvelle collection des éditions Al Manar, La parole peinte. Les nombreuses reproductions sur papier glacé mettent en évidence le travail opéré sur la couleur, la matière, et les lignes qui semblent parfois s’en évader : l’écriture et la peinture nourrissent à parts égales l’univers sensible de Marie Alloy. Entrons dans l’atelier, comme nous y invite la peintre sur le seuil du livre.

L’épigraphe de John Berger présente l’artiste comme un « récepteur », un passeur qui transmet ce qu’il a reçu dans son œuvre. Marie Alloy distingue bien ces deux temps essentiels pour le peintre, celui de la réception et celui de la création. Si elle s’efforce de capter l’instant du regard dans ses peintures, l’artiste veut aussi restituer une forme d’écho verbal au travail effectué dans l’atelier que pour nous elle « entrouvre », comme dans sa peinture apparaît souvent une brèche qui laisse passer la lumière ou la nuit dans une réversibilité énigmatique et signifiante. Quelque chose hésite, se meut sur un territoire instable et devient sans parvenir à être tout à fait. L’inatteignable ne se mesure pas, il pose une équation lumineuse que nous explorons sans la résoudre : un instant puis un autre – succession d’éclats, mesure infime du regard posé sur la succession, acceptant l’insécurité d’un mouvement perpétuel.

Les notes ici rassemblées ne sont pas présentées dans un ordre chronologique, comme le feraient un journal ou un simple carnet. Elles sont regroupées en neuf chapitres qui correspondent à différents moments du travail du peintre, ou différentes façons de l’envisager. Parfois très brèves, proches de l’aphorisme, parfois plus longues, les notes se font réflexions développées, souvenirs, récits de rêves et approchent souvent alors le poème en prose. Les retours à la ligne inclineraient parfois à isoler certains éléments (des vers ?), des groupes nominaux, comme« bleu intense et désert », qui restituent la saisie immédiate, fugitive d’une impression : « Rien n’est prêt quand commence l’acte de peindre. »

L’allure proverbiale est souvent démentie par la réalité exprimée, la fragilité des certitudes, l’acceptation d’être dessaisie pour que la peinture soit possible. De même, les infinitifs, sans limite temporelle, pourraient offrir l’éternité, ils lui substituent une valeur modale teintée de doute, tout est tenté : « Peindre, préserver la clarté de l’énigme. Accueillir l’apparition. »

Parce que rien n’est certain, tout est possible. L’alliance entre la peinture et le poème est à ce prix, il faut aimer la frontière périlleuse de la tentative et l’esquisse pour permettre à la liberté créatrice de s’exercer.  Des impressions d’enfance ont laissé une empreinte devenue pour l’adulte une matière onirique, vivier du trait et de la couleur : « Campanules. Le bleu de quelques fleurs d’enfance, clochettes habitées d’un cœur. Fragilité presque suppliante qu’on ne les cueille pas. Une sorte de bénédiction poussée de la terre. » Or, grâce à la toile, le mouvement d’accroître, paradoxalement, se révèle : « Dans le rectangle de la toile, endiguer l’espace pour l’agrandir. Le cadre permet le passage. Les limites créent l’ouverture. »

Peintre et poète vivent sur le seuil qui fait passer du pays d’ici à un arrière-pays d’enfance, de rêves, de mémoire, de pensées et d’intuitions parfois sans mots. Si leurs arts révèlent un point commun fort, c’est celui de l’art du passage (1). Yves Bonnefoy lui aussi invite à rapprocher poème et tableau : « Ce sera lui le creuset où l’arrière-pays, s’étant dissipé, se reforme, où l’ici vacant cristallise. Et où quelques mots pour finir brilleront peut-être, qui, bien que simples et transparents comme le rien du langage, seront pourtant tout, et réels. »(2) Mais, bien sûr, quand il s’agit de la lumière de la peinture, « c’est au-delà des mots qu’elle fait fleurir »(3). Il faut puiser : « Je n’ose plus invoquer l’invisible, il y a tant à regarder. » La réalité peut-elle épuiser notre regard ou le mode de restitution choisi ( la peinture ) ? Marie Alloy détache des fragments de paysages, elle s’attache à restituer une part minime de ce qui a été perçu, distinctement, et la relie à l’immensité. C’est cette forme d’infini qu’elle reconnaît. Il s’agit d’atteindre une vérité, pas d’imiter la réalité.

Dans le chapitre « Sur la peinture » de ses Méditations esthétiques, Guillaume Apollinaire affirmait : « Les grands poètes et les grands artistes ont pour fonction sociale de renouveler sans cesse l’apparence que revêt la nature aux yeux des hommes. »(4) Les relations entre nature, peinture et poème sont au cœur de la réflexion de Marie Alloy, peintre qui accompagne souvent les poètes, écrit elle-même poèmes et notes, regarde attentivement la nature, mais ne peint pas sur le motif, ni d’après photo. Apollinaire évoquait la nécessité pour chaque peintre d’inventer ses propres couleurs, Marie Alloy s’efforce de les retrouver. Ses notes sont riches de nuances colorées : « roses magenta, verts crus, violets de cobalt »… que le lecteur peut, à l’infini, se représenter. Souvent, les mots semblent s’opposer à l’œuvre du peintre : « Le silence de la peinture pour enterrer les mots. » L’idée se trouve répétée sous plusieurs formes : « Je voudrais brûler les mots, ou mieux, les ensevelir, pour vraiment peindre. Et tout ce qui se dérobe à la possibilité d’un vrai regard, en faire aussi feu de feuilles, de branches et de racines. » Les mots, les poèmes et la peinture se rencontrent, mais parfois c’est entre un morceau de nature et le tableau que la confrontation a lieu : « Un bouquet de coquelicots posé devant le tableau en cours. La fleur éclate dans son rouge vermillon et les tiges vertes rutilent contre la toile. Nature et peinture s’épousent ou s’opposent ? Sur l’autel de la peinture, ces fleurs des champs comme un cœur qui bat la mesure. »

L’artiste évoque son rituel du matin, écrire un poème, comme elle affirme sa volonté de peindre sans qu’elle puisse se présenter comme « peintre », comme si sa démarche n’était que recherche. Cette quête affirme la primauté du chemin sur ce qui sera réalisé. Cela concerne autant la personne que la peinture puisque les deux s’unissent, peindre rétablit un ordre intérieur. La forme des notes discontinues, séparées par un astérisque, mais assemblées dans des chapitres thématiques, permet à la pensée de ne pas se concentrer sur un point mais de se livrer à la liberté des impressions. L’empreinte chaque fois détermine une trace (le texte, la peinture, la gravure) figurant un instant. Le regard s’est exercé, l’instant devient durée par cette impression qui ne reste pas lettre morte :« Cela vient sous l’apparence – sans récit. » Comme si quelque chose était atteint sans qu’il soit question de le figurer. C’est « un geste vif, un éclair furtif, et la ligne peinte voltige ». « Réconcilier », affirme Marie Alloy. La création demeure ce geste magique qui étreint, en une forme, les aimés qui s’éloignent. Elle scrute ce qui l’a frappée, renoue avec l’instant de grâce en trouvant l’expression picturale ou textuelle qui redonne vie. Empreinte spirituelle, marquée par l’or des icônes et le sacre d’une quête, « un sacrement qui rayonnerait par la peinture ». Pourtant peindre suffit, nulle justification ou raison à chercher. Chaque limite (celle du temps, celle de la vie) est acceptée, comme coexistent les contraires, l’instant capté, la durée perçue dans la toile vivante qui offre cet instant délié de la trame pour qu’il soit donné.
La toile (ou la plaque du graveur) alors devient une peau vivante, portant des « cicatrices », des « balafres », des marques d’amour. C’est aussi un chemin vivant, avec ses « empreintes » et ses « traces », signes du temps. Nombre de peintures, retournées contre le mur, attendent. Attendent-elles ou n’existent-elles que pour témoigner d’une tentative ? « Un jour peut-être quelqu’un les retournera pour les découvrir. »

Marie Alloy veut « peindre sans s’adapter ni tenter de résoudre ». D’une forme imparfaite en cours, d’un geste, révéler ce vers quoi l’effort tend. Peindre, sans les mots, une fois qu’ils se sont retirés ou dissous. La « nudité intérieure » est l’une des conditions nécessaires, comme si le végétal occupait le devant d’une scène provisoire, en devenir, capté par l’instant. Cette fragile empreinte, rendue visible, apparaît sur les reproductions : vingt-sept, de la double page au détail simple de quelques centimètres. Le papier glacé permet de faire apparaître les couleurs et l’infime ligne végétale parfois : p.32, un ciel bleu brun traversé d’une faille majeure pourrait être la branche ou la tige vivante qui sépare ou lie la page comme l’espace ; – p.56, des fruits, un soleil semblent transférer leur couleur orange-lumière et gagner le fond ou l’arrière-pays de la peinture (il se peut que dans ce ciel se dissolve l’enfance gardée en secret ; – p.81, des fruits d’or ou des balles, on devinerait le collier parfait de fruits éternels. Marie Alloy grave, travaille une matière qu’elle observe mais qui résiste, et la forme donnée sera la nouvelle expression donnée à son regard. Quand Marie Alloy décrit une peinture, elle s’exprime aussi en peintre car elle inscrit la dimension temporelle qui échappe au simple spectateur, celle de l’acte de peindre.

Les notes, par touches successives, accolées ou superposées, s’accumulent et modulent, légèrement, la touche initiale. Ainsi le regard est-il toujours scruté, envisagé dans sa force d’appropriation et de restitution. Ses limites sont acceptées car soumises à l’instant de la captation revécue à l’infini. Ses modulations peuvent infléchir la toile ou le texte repris. L’humilité, affirmée, rend possibles ces hésitations, ces reformulations et inclinaisons différentes de la phrase.

Dans certains poèmes en prose, comme pour les peintures, on peut « […]deviner ou reconnaître […] un visage ou un jardin ». Tout est devant nous inachevé, la promesse d’un regard pourrait suffire à proposer une forme complète, elle variera chaque fois. Œuvre ouverte, œuvre offerte, elle est inépuisable et modestement soumise à qui la regarde, spectateur invité à y tracer son propre inachèvement.

© Isabelle Lévesque
[Une version abrégée de ce texte a été publiée dans la Revue Europe, N°1069, mai 2018]

1 Pierre Dhainaut, Un art des passages (L’herbe qui tremble, 2017).
2 Yves Bonnefoy, L’Arrière-pays (Gallimard, 2003 – coll. Poésie/Gallimard, 2005 – p.149).
3 Ibid. p.144.
4 Guillaume Apollinaire, Méditations esthétiques, 1913 (in Œuvres en prose complètes T.II, Gallimard/La Pléiade, 1991 – p. 12).

A lire sur : https://www.terreaciel.net/A-livre-ouvert-Marie-Alloy-L-empreinte-du-visible-par-Isabelle-Levesque




Meilleurs vœux 2018 !

Marie Alloy a le plaisir de vous présenter ses meilleurs vœux.
Que l’année 2018 vous soit :

un bleu, à ciel ouvert, une source –

un rouge, souffle de liberté, de chaleur –

un gris de terre douce, de paix.

Extraits de L’empreinte du visible

Éditions Al Manar/Alain Gorius, collection La Parole peinte (les photos des pages ci-dessus correspondent à l’édition à tirage limité – peintures originales de Marie Alloy) Ouvrage en édition courante paru en novembre 2017 (voir site de l’éditeur).

Droits réservés. Copyright éditions Al Manar et ADAGP pour les peintures de Marie Alloy.

 




“L’empreinte du visible” notes d’atelier de Marie Alloy

Vient de paraître, en cette fin novembre 2017 :

“L’empreinte du visible”, un nouveau livre de Marie Alloy

aux éditions Al Manar, dans une nouvelle collection La Parole peinte

                  

Dans cette édition courante, on peut non seulement lire les notes d’atelier de Marie Alloy mais aussi découvrir 28 reproductions de belle qualité de ses tableaux et gravures.

Il a été réalisé un tirage de tête, à 20 exemplaires numérotés et signés par l’artiste auteur, comportant vingt cinq aquarelles originales.

Les chapitres : L’acte de peindre – Avec ou sans les mots – Le travail du regard – Reflets des saisons – L’atelier des couleurs – A l’épreuve avec les outils du graveur – Empreintes invisibles – Visitations secrètes – Aux lisières du silence

Quelques pages peintes …

             

Peindre dans la continuité des rêves, au cœur du brasier ordinaire des jours, dans le tremblement du sens – là où se révèle une forme de beauté née du silence ou cherchant à l’atteindre.”  Marie Alloy

    

L’Empreinte du visible

 Dans ce livre, L’Empreinte du visible, Marie Alloy, peintre et graveur, tente, sous forme de notes d’atelier et de vie, d’approcher l’expérience picturale au plus intime: « Les notes se saisissent parfois d’une pensée fugitive, en balbutient le sens, l’émotion ou l’étrangeté. Elles traquent ces sortes d’insurrections mentales qui surgissent en peignant ou en gravant, pour à la fois les retenir et s’en libérer. Elles se nourrissent aussi de la nature, de la poésie et des œuvres d’autres artistes profondément aimés. Accueillir le visible et l’imprévisible, entrer en dialogue avec ses propres incertitudes de peintre. La réalité est inscrite dans la mémoire comme un humus, un réservoir de formes, un vivier. Peindre, graver ou écrire sont une manière d’en restituer l’empreinte intérieure et de suivre à la trace les mouvements incessants qui conjuguent et questionnent regard et pensée, sans proposer de réponse définitive.

Un livre à ouvrir comme la porte de l’atelier, tout doucement… »

 Commande en ligne.
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“Écrire en peintre”, une lecture par Isabelle Lévesque

 

Marie Alloy, Cette lumière qui peint le monde

par Isabelle Lévesque
Marie Alloy, Cette lumière qui peint le monde,
Éditions L’herbe qui tremble, 2017.
Lecture d’Isabelle Lévesque

Loin du regard perdu qui scrute la nuit, c’est l’angle ouvert d’une lumière souveraine qui ouvre le livre de Marie Alloy. Une femme peint et pose ses yeux sur les lignes de couleurs de ses pairs, de ses illustres pairs choisis. Rien d’autre n’est affirmé qu’une évidente assise ouverte : le regard anime la peinture, la lumière qui a présidé à l’élaboration de la toile se révèle et devient à son tour miroir du signe clair porté par elle. Marie Alloy le précise, Cette lumière qui peint le monde a été écrit « au fil du temps ». Ce sont des expositions, des visites, des rencontres qui ont nourri dans la durée ce livre.

Tous les artistes évoqués sont des « passeurs de lumière » : Turner, Bonnard, Morandi, Zack, Sima, Vieira da Silva, Truphémus et Asse.

Marie Alloy écrit en peintre : la description qu’elle fait des œuvres n’oublie pas le geste de l’artiste, le vocabulaire peut être très technique, toujours précis, avec des nuances infinies pour les indications de couleurs.

Ainsi, pour Turner, dans le chapitre intitulé « L’issue solaire », Marie Alloy décrit un tableau, Le lac des Quatre Cantons : La baie d’Uri vue de Brunnen, daté de 1844, exposé au printemps 2015 à la Tate Britain de Londres :

« […] des vagues de nuages blancs surplombant le ciel et le lac s’unissent en un horizon gris et rose travaillé en impasto (empâtement) avec des voiles de laques rouges et des glacis jaune de chrome très clair. C’est un mouvement continu de courants aériens suggérant la poursuite de l’espace hors des limites de la toile, donnant au regard la sensualité lumineuse de l’air. »

Marie Alloy souligne dans les dernières peintures de Turner la modernité d’une quasi-absence de couleur pour que soit seule perçue, impénétrable et singulière, la lumière. Paysages traversés, mais qu’il ne pouvait plus parcourir à cette époque, sa santé l’en empêchant. Sa peinture se nourrit alors « d’expériences picturales vécues », c’est sur l’oubli qu’il fonde en partie sa représentation (autant sur ses souvenirs qu’à l’aide des « notations du dessin aquarellé » réalisé auparavant). Ce parcours d’oubli figure dans « l’étendue blanche » comme si le paysage, assimilé, disparu, devenait transparence, une forme de lumière ou de silence qui ouvre à la contemplation. Rien ne saurait dire si tout apparaît ou disparaît. Le seuil blanc, « espace pauvre et glorieux », livre son paradoxe. On pense aux toiles frappées d’orages des périodes antérieures et l’on mesure combien le peintre s’est détaché des tempêtes.

Dans les œuvres de Pierre Bonnard, le miracle de la lumière peut hésiter, comme sur le point de se perdre : au milieu des couleurs se glissent la mélancolie et le sentiment constant de la fugacité de cette fête du jour au miroitement toujours éphémère. Peut-être faut-il lire ce livre comme une tentative pour capter dans les toiles regardées ce qui fugitivement nous requiert, pour vivre ? La lumière, devenue guide de lecture, devient une compagne plus sûre pour notre regard. Le rapport sensuel à la toile, exalté par la femme, compagne, muse, suspend le déroulement du temps et le passage de la lumière qui reste tendue, dans une durée qui l’excepte et le prolonge. C’est aussi peut-être le projet qui fonde ce livre.

Ce qui fait du chapitre consacré à Jacques Truphémus, « La lumière de l’intime », un chapitre à part, c’est la rencontre avec l’artiste, la visite à l’atelier. Nous voyons à la fois la toile, le sujet (le motif) et l’homme qui peint. Nous l’entendons parler, nous lisons l’une de ses lettres. L’atelier est ce lieu où la lumière se déplace comme les objets que le peintre dispose pour leur faire suivre ou non le jour qui les baigne. On perçoit l’émotion de Marie Alloy, son attention : elle décrit précisément la disposition de la pièce, son regard s’attarde sur un petit bouquet et sur l’impression de dépouillement qui domine. Au cœur de l’œuvre, le blanc, « riche en nuances », infini. « Le blanc de la toile crue est réserve de lumière, somme de toutes les couleurs, silence, poésie », précise Marie Alloy. Figure de l’inachèvement peut-être, il ouvre le spectre de nuances infinies et laisse à chaque couleur son éclat incontestable. L’intimité révélée offre à chacun une place dans la toile, en fraternité. Innocemment, le monde est révélé dans une naissance liée à la clarté de l’apparition d’Aimée comme des fruits ou fleurs déposés dans un geste simple de communion.

Dire la peinture peut paraître un exercice impossible. Marie Alloy et les peintres évoqués nous disent que la peinture est silence, celui d’avant la parole ou celui d’après. Pourtant beaucoup d’entre eux écrivent sur leur art ou sur celui des autres ; certains, comme Léon Zack ou Marie Alloy elle-même, sont poètes. Beaucoup de poètes ont tenté de décrire des œuvres avec parfois de grandes réussites, comme Victor Segalen et ses Peintures chinoises. D’autre part, la peinture et la poésie ont souvent partie liée par le dialogue entre les deux arts1. Les peintres ici évoqués citent souvent des poètes dont les mots correspondent à leur effort ou à leur vision : Rilke, Guillevic, Jaccottet…

Le livre s’achève sur une méditation de deux pages qui établit le lien entre les œuvres envisagées : la lumière et le vide sont deux dimensions nécessaires, le peintre les traverse comme le poète qui cherche à les atteindre. Quel que soit le motif, la lumière souligne sa présence et révèle le paradoxe constant qui, entre absolu et dénuement, rend la quête du peintre douloureuse ou heureuse, mais nécessaire.

Isabelle Lévesque
D.R. Isabelle Lévesque
pour Terres de femmes

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1. Marie Alloy a créé les éditions de bibliophilie Le Silence qui roule où elle collabore avec des poètes contemporains : Guillevic, Antoine Emaz, Pierre Dhainaut…

Pour mieux connaître Isabelle Lévesque, de nombreux articles en ligne dont celui-ci, déjà ancien mais riche en extraits, dans “Voies traversières” sur Médiapart

 




Hommage à Jacques Truphémus, ce grand fidèle

Photo Joël Philippon Photo Joël Philippon. Le Progrès.

Jacques Truphémus, né à Grenoble en 1922, vient de nous quitter ce vendredi 8 septembre 2017 à Lyon; il allait avoir 95 ans. Tristesse de sa disparition, mais admiration face à cette vie de peintre accomplie, et face à l’œuvre qui nous renvoie sa présence chaleureuse et sa lumière.

Il s’était installé à Lyon pour suivre les cours de l’École des Beaux-Arts dans les années 40 et Lyon était vite devenue sa ville d’adoption, avec ses rues, façades, bistrots, fleuves et luminosités. Il avait également peint de tendres portraits de son épouse Aimée, mais aussi quelques autoportraits (comme ci-dessous) et beaucoup de natures mortes ainsi qu’une série de toiles sur le Japon et les plages du nord de la France. Dans les Cévennes où ils se rendait chaque été, l’intérieur de sa maison, les jeux de portes avec les couleurs de l’ombre et de la lumière, les arbres verts et feuillages alentours, nourrissaient son regard de peintre et venaient adoucir ses dernières années où la couleur devenait de plus en plus intense et sa gestuelle déliée.

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Lien sur la biographie de Jacques Truphémus par la Galerie Claude Bernard

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En juillet 2016, j’avais rendez-vous avec Jacques Truphémus dans son atelier. Il me dit immédiatement sa joie d’avoir reçu le livre “Cette lumière qui peint le monde”, où j’avais consacré plusieurs pages à ses œuvres et il m’avoua son émotion de se trouver ainsi parmi cette constellation de peintres qu’il aimait : Turner, Bonnard, Morandi, Zack, Sima, Vieira da Silva, Asse…

      © photos ci-dessous: Marie Alloy

         

Il me montra ses toiles récentes destinées à sa future exposition Galerie Claude Bernard.

Il faisait chaud sous la verrière de son atelier mais ses peintures, aux couleurs vivifiées par la blancheur des rideaux et nappes, apportaient une fraîcheur et une douce clarté. Il me montra le miroir ovale qu’il avait le désir de peindre pour y refléter ses propres peintures de natures silencieuses. C’était pour lui un vrai bonheur de me donner à découvrir ses tableaux et d’exprimer par la parole son désir infini de peindre. A sa demande, je lui montrais un catalogue de photos de mes propres peintures, il regardait attentivement, donnait avec plaisir son avis, son regard. Esprit curieux des événements artistiques, il ressentait un grand besoin d’échanger sur la peinture ainsi que sur les expositions du musée des Beaux-Arts de Lyon et autres.

Il me montra aussi les beaux poèmes qu’Yves Bonnefoy avait écrits pour lui, édités dans “Ensemble encore”, au Mercure de France, en avril 2016. Quelques extraits ci-dessous:

 

                                  Poèmes pour Truphémus

 

Tu vas rester ici, jusqu’à ce soir. C’est plus,
Peindre, que rendre vie, c’est donner être,
Même si impalpable, presque invisible
Cette main qui dans l’ombre prend la tienne.”

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Et, ayant vécu là,
Quand tu ressortiras, que soit ton œuvre
De regarder le ciel au-dessus des arbres,
Puis les feuilles, vert sombre. Que ce banc
Dont la couleur s’écaille
Le bleu sombre avoisine un peu de rose. “

*

“Décèle de ton pinceau cette ombre dans l’herbe,
Dévoile-nous l’être simple du signe : Ce rêve, non cet or,
Qui fait de ce qui fut ce qui demeure.

Yves Bonnefoy, extraits de “Ensemble encore”.

*

“La lumière de l’intime”

Truphémus était un peintre cultivé, simple, et débordant d’humanité. Il aimait écrire de longues lettres généreuses pour transmettre sa vision de la peinture (voir plus bas). Peintre accompli, il n’a jamais renoncé à contempler le monde et avait besoin de vie sociale, d’échanges, de dialogues avec les poètes et artistes. Aujourd’hui sa vie est loin d’être achevée, elle se poursuit dans chacun de ses tableaux et continuera longtemps  de nous être bénéfique, et de nous enseigner de façon apaisée et persévérante à rester fidèle à nous-même, dans notre propre temporalité, malgré les multiples pressions de la société de consommation.

Le guéridon, véritable accessoire du peintre

*

Je dis que Truphémus est un poète-peintre, qu’il écrit des images, qu’il peint des sons, qu’il nous murmure une confidence qui est lui-même, que sa peinture a une voix qu’on ne peut pas ne pas entendre, justement parce qu’elle est discrète, prenante, insidieuse, qu’elle ne va pas crier sur la place publique, qu’elle ne désire s’approprier que les âmes (oui, en ce sens, sachez voir – nous regardons trop sans voir – l’œuvre de Truphémus a une dimension métaphysique), entamer un dialogue de complices au niveau de l’excellence en nous.”     Louis Calaferte

*

Aucun texte alternatif disponible.

                                         Autoportrait, huile sur toile, 2002.

 

Bel autoportrait de Truphémus (1989) dans le catalogue de la galerie Claude Bernard. La même leçon que celle de l’autoportrait de Morandi dans l’exposition de Bologne : l’effacement et la subsistance du moi, un moi ayant perdu son opacité. Et par là c’est une figure de sa peinture, de son effort de peintre que nous livre Truphémus.”     Jean Pierre Vidal

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Peinture de Jacques Truphémus (La belle Servante, 1980) :

Dans les cafés métaphysiques
Les servantes aux longues fatigues
Sont lampes qui éclairent le Temps
Dehors la neige a leur visage.

                Extrait de “La fin de l’attente”, de Jean Pierre Vidal, Le Temps qu’il fait.

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Beaucoup ont écrit sur la peinture de Truphémus dont Louis Calaferte, Bernard Clavel, Charles Juliet, Jean-Jacques Herrant, Jean Leymarie, Denis Lafay, Jean-Pierre Groboz, Claude Roger-Marx, Antoine Terrasse, Yves Bonnefoy… et bien d’autres – pour ne citer ici que les plus connus.

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A lire ici lien, l’article du journal La Croix sur l’exposition rétrospective actuelle du musée de Grenoble

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L’entrevue silencieuse

Relisant “L’espace de la perte” (éditions Unes) de Pierre-Albert Jourdan, poète et peintre, je retrouve, exprimé en ses mots, le silence, l’éclat lumineux, le foisonnement et le dénuement des peintures de Truphémus :

Cet espace il te faut l’abandonner à sa propre fructification. Tu n’y entres pas, il est ce qui se délègue au-devant de toi mais l’entrevue est silencieuse.

Parle, si tu veux, mais par voix d’arbre ou d’herbe; c’est-à-dire : ne pratique pas l’imposture, ne mélange pas l’esprit à ce donné si pur.

Jacques Truphémus laisse fructifier en nous sa peinture. De son regard sur les êtres, la nature ou le quotidien, nous recevrons longtemps le “donné si pur”.      Marie Alloy

 

Le chrysanthème – fleur blanche qu’il affectionnait particulièrement.

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“Il faut aussi des peintres qui incarnent une continuité, une permanence. Truphémus est de ceux-là, avec une qualité de regard qui situe souvent son œuvre à la charnière d’une figuration sensuelle et d’une sorte d’abstraction.

Une vision du monde filtrée, donc, à travers une tendresse pour laquelle il s’est façonné un métier tendre et délicat. Longtemps encore après nous il aura des amoureux des bruissements subtils du quotidien pour se reconnaître dans les silhouettes imprécises mais fraternelles de ses cafés, pour entendre le mystère des objets de ses natures mortes et pour s’émouvoir de ses lumières timides mais persévérantes qui finissent par inonder les ciels gris, les plages, les quais… et le cœur.”      Jean-Jacques Lerrant

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“Cérémonie mystérieuse de la peinture qui annonce l’avènement du rose, les couleurs printanières d’un char fleuri de violettes odorantes, glycines ou roses trémières, oranges de soirs couchants, quand la porte de l’atelier reste entrouverte sur la silhouette verte des arbres et l’offrande d’une nuance phosphorescente.

Des fils de lumière ont tissé des bouquets de couleurs dans la palette tendre du peintre ému par le teint de rose de toutes ces choses sereines et charnelles qui l’entourent. Les gestes du peintre restituent le tremblement de la vie, le trouble à la fois fugace et infini qui tenaille devant la beauté. La lumière qui vient de la peinture est si dépouillée qu’elle en paraît surnaturelle comme ces grenades sur une nappe blanche.

Au seuil de quelle porte soudain tout ce vert se réfléchit-il ? Quelle est cette étrange couleur qui garde l’entrée de la peinture et nous relie à un éclat encore inconnu ? Peinture à découvert. Peinture d’une claire voyance. Chaque toile a sa lumière propre, sa fenêtre où cueillir un instant radieux de couleurs dans la transparence.

Plus que des « vies silencieuses » les peintures de Truphémus sont silencieuses dans la vie, dans son bruissement. Elles ne consolent pas, elles ouvrent, sont ouvertes, s’ouvrent encore. Elles dilatent l’œil du cœur. Elles ne sont jamais qu’à hauteur d’homme – d’homme à homme.”

Extrait d’une lettre de Jacques Truphémus :

« …Au-delà des mots et du vain débat opposant abstraction et figuration, je crois bien sentir ce qui vous inquiète. Le problème s’est posé, je pense, à beaucoup de peintres. L’itinéraire de Nicolas de Staël n’est pas unique, passant de l’abstraction à la figuration.

Les peintres ont toujours ressenti la force vivifiante de la réalité et c’est en tentant de traduire l’émotion devant « la réalité » qu’ils ont compris que l’émotion ressentie était la seule réalité qui leur était offerte et que pour la traduire il fallait trouver une équivalence.

C’est dans la recherche de cette équivalence que se posent les questions premières. Il me semble qu’il faut veiller à conserver en soi le plus possible cette part de simplicité, de naïveté – celles de ses premières peintures où l’on croit copier la nature. (Mais est-on jamais maître de cette simplicité d’esprit à la base de ces choix ?)

Cette confrontation est source d’enrichissement par le fait des difficultés rencontrées, et de ce dialogue qu’il nécessite. Je pense que c’est un désir « d’absolu » tout à fait légitime qui a pu conduire des peintres vers l’abstraction. Il y a un risque d’enfermement à ne vouloir trouver qu’en soi la source de ses émotions …

Mais il y a les mêmes risques dans l’autre choix où les signes d’une apparente figuration peuvent facilement rassurer ceux qui ne connaissent pas le doute.

La «vérité» est de toute façon au-delà des mots et de toutes théories. Quelque part, « on fait comme on peut ». C’est ce qu’ont dit beaucoup de peintres :

Matisse, qui a pourtant si bien écrit sur la peinture, conclut en disant «je mets de la couleur jusqu’à ce que ça y soit»!!

L’humilité de Chardin, de Corot,… de Morandi, a valeur d’exemple, de Cézanne se plaignant de ne pouvoir « concrétiser »…

Il est nécessaire de conserver toute la vie la possibilité de changer notre conception de la peinture et les moyens d’expression. C’est notre liberté essentielle.

Quand la sincérité est présente dans la conduite de son travail, les changements apparents comme de passer de l’abstraction à la figuration (à une certaine forme de figuration) n’interrompent en rien la continuité profonde d’une démarche.

Il n’y a pas de temps perdu et de reniement dans le parcours.

On n’a pas de compte à rendre à ceux qui s’en offusqueraient. »

Pages extraites de

Cette lumière qui peint le monde“, Marie Alloy, éditions L’Herbe qui tremble

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Poème de ce matin, pour notre ami Truphémus

Truphémus, un grand fidèle

Fidèle à la peinture     à son Aimée
au monde quotidien    à la lumière des couleurs
à sa ville adoptive   ses amis     aux deux fleuves
au ciel    aux arbres    aux portes  et fenêtres  ouvertes
aux toits où veillent des colombes

Fidèle aux verts   aux roses   aux mauves   aux bleus    aux oranges
dans la blancheur rayonnante    aux recommencements
Fidèle au poème du silence   au mystère du présent
à la communion des sens

Toujours à découvrir      à s‘émerveiller
Le monde éclaire chaque matin l’atelier et ses drapés
à travers la rosée du jardin de la peinture
le battement continu du cœur   le chant du regard
un monde à venir    rien d’acquis
mais le souffle d’une alliance limpide

La lumière sauve

Tendre    intime   la couleur rouge d’un livre
ou la transparence d’un vase  une nappe en apesanteur
et tout ce qui convoque la beauté    bleu ou pourpre
la fleur d’un chiffon posé comme l’esquisse d’un rêve
et si peu d’obscurité      rien qu’une mer de feuillages
mouvants de promesses   avançant au fil du jour
D’un vert plus proche nous sentons le murmure sacré

Herbe douce    le sillage de la robe de La Passante
de la passerelle Saint-Georges   à l’instant suspendu   pour retenir de la vie
l’émotion balbutiante    sans rien surexposer
Le jour lavé d’amour

Du bleu remonte dans le rose et le jaune
dans l’orbe d’un citron vert      la surface blanche
respire mieux   inachevée     la blancheur
cette terre promise    ce nid de neige   ce mûrier

Peindre   laisser retomber le linge en plis
s’écouler la sève des saveurs   le fruit des couleurs   leur vivier
et ce goût que le cœur en paix porte au monde

Peinture qui libère      bouffée d’air et joie pure
C’est à nous désormais de rester fidèles
fidèles au regard prodigue du peintre Truphémus
à l’instant vivant éternel

2017 09 14 © Marie Alloy




“témoigner qu’il y a un ailleurs”, André Frénaud

détailLe désordre du monde“, huile /toile, 116 x 73 cm, 2017

« S’il est vrai que la peinture ne trouve pas en elle-même sa propre fin, mais si demeurant fidèle aux moyens qui lui sont propres, elle est un des langages à la démesure de l’homme pour reconquérir le monde perdu, s’il ne s’agit pas seulement de nous aider à vivre ici, mais de témoigner qu’il y a un ailleurs, et même si l’on pense que cet ailleurs est de ce monde, qu’il est le monde même, cosmos et conscience (…), si l’on croit que la vie s’éclaire en des instants de dépassement et que de l’événement il est possible de rendre compte par l’art en quelque manière, on comprend que le peintre désire tenter, sans tellement de références à un sujet quelconque, de constituer des objets où il aurait capté et qui fasse rayonner pour lui et pour nous les rythmes du monde tels qu’il les a appréhendés… »

André Frénaud, Derrière le miroir, 1949

                   

   “L’écorce du paysage”                                  “La douleur”

huile/toile, 116 x 81 cm, 2017                       huile/toile, 116 x 81 cm, 2017

 




“La joie de cette vie” Henri Thomas

Quelques extraits de “La joie de cette vie” d’Henri Thomas, Le Chemin, nfr, Gallimard, accompagnés de peintures de Marie Alloy, réalisées début 2017.

“Écrire, pour moi ça a toujours été une déclaration d’amour à la vie, et quelquefois elle l’acceptait.”

   “Ondées” , huile sur toile, 116 x 81 cm, 2017

“Si l’homme avait parfaite connaissance de ce qu’il est, il serait aussi clos sur lui-même qu’un caillou, aussi parfaitement réuni à soi et à l’univers.”

“L’instant sensible”, huile sur toile, 116 x 81 cm, 2017

“C’est depuis que le verbe croire, le mot croyant, la foi, etc, me sont devenus si suspects que je ne les emploie plus, que la présence de l’Autre m’est devenue sensible. Ce n’est pas une autre manière de croire; ce serait plutôt comme une manière d'”y être”.

“Strates du silence”, huile sur toile, 116 x 81 cm, 2017

“J’avais le secret du plaisir à vivre – c’était par les petites choses, les moindres choses, celles où l’on n’ose pas voir l’immensité, – les œuvres du temps dont l’éternité est jalouse. “

 




“l’angle ouvert d’une lumière souveraine”, une lecture d’Isabelle Lévesque

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2017/04/marie-alloy-cette-lumi%C3%A8re-qui-peint-le-monde-par-isabelle-l%C3%A9vesque.html

à propos du livre “Cette lumière qui peint le monde”

http://talent.paperblog.fr/8375765/marie-alloy-cette-lumiere-qui-peint-le-monde-par-isabelle-levesque/